LA VALLÉE DE LA LARGUE

Publié le par yves

 

Mercredi 25 mai 2011

 

Yves continue à parfaire sa forme pour la mission qu'il s'est fixée : faire parler et connaître le don d'Organes lors de son prochain périple… aussi une bande de copains s'est donné le mot pour l'accompagner dans la traversée de la vallée de la Largue.

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Sur les routes et sentiers de France vous reconnaîtrez Yves au logo DON D'ORGANES

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Une tradition imagine que l'Alsace était, dans une époque reculée, un immense lac, entouré par les Vosges et la Forêt Noire. Le Rhin, bloqué par le massif de la Lorelei, accumulait ses eaux en attendant de trouver une issue. En passant au Maennelstein au Mont Sainte Odile ou encore au rocher des anneaux, appelé aussi Trois Grandes Tables au massif du Taennchel, on peut voir des anneaux où seraient venues s'amarrer les embarcations de la préhistoire.

Légendes à l'origine de nombreux récits :

«la sirène de la vallée de la Largue» Blessée par un chevalier amoureux qui voulait l'enlever, son père furieux, finit par vider le lac recouvrant encore la vallée à cette époque....»

«De la tour païenne du Maennelstein, où les pirates du lac enfermaient leurs prisonniers, un jour l'un d'eux s'évada et nagea jusqu'à Bingen pour permettre à l'eau de s'écouler vers la mer et libérer l'Alsace …»

Bernard Clavel disait : «c'est le besoin d'eau qui a réparti nos villes, nos villages et nos fermes …»

cette phrase s'applique parfaitement à cette belle vallée façonnée par son cours d'eau, la Largue.

Elle prend naissance au pied du Jura Alsacien, plus précisément dans la commune d'Oberlarg pour se jeter, à 50 km de là dans le plus important curs d'eau d'Alsace, l'Ill. Du Jura naissant aux basses vallées alluviales, la Largue a d'abord sculpté dans les dunes du lœss de la préhistoire, un paysage tout en rondeur fait de vallées profondes et de collines forestières, puis, l'homme s'y installa.

Au cours des siècles, la rivière fut, tour à tour, une douce compagne utile pour l'eau et l'enrichissement des terres de ses alluvions fertiles ou encore ses furies féroces, ravageant par ses crues les installations humaines.

Le paysage de cette vallée se caractérise par ses villages à flanc de colline, ni trop près, ni trop loin du cours d'eau, entourés de leurs cultures et vergers. La vallée de la Largue renferme de nombreux étangs aménagés par les moines cisterciens de l'abbaye de Lucelle pour y élever la carpe… ce poisson qui donnera au Sundgau sa spécialité culinaire «la Carpe Frite», je vous en parlerai lors du repas.

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Le départ est donné à Chavannes les Grands sur la place de l'église à 8 heures pour une randonnée, non des moindres… 33 kilomètres à travers un territoire offrant une qualité de vie préservée, entre prairies, forêts, rivières, étangs sans omettre le canal du Rhône au Rhin. Maisons à colombages, moulins, lavoirs, puits, viaducs, pont-canal ajoutent au charme de la région.

chavannes-4.jpgLes jardins sont fleuris

Très vite nous arrivons à Suarce. Les traces de Suarce (nom antérieur Schwertz) dans l'histoire sont très anciennes puisque le village est cité dans un acte rédigé le 21 juin 823 par Louis le Pieux, fils de Charlemagne précisant, entre autres, les possessions de l'abbaye de Masevaux. En 1105, Henri de Suarce est cité comme témoin lors de la donation par Ermentrude, comtesse de Montbéliard de différentes propriétés à l'abbaye de Cluny pour la fondation d'un prieuré. En 1333, le fief suit le sort de la seigneurie de Florimont et dépend du comté de Ferrette. L'église actuelle a été reconstruite après la guerre dans un style moderne, de forme cylindrique avec un clocher ouvert de 25 m de hauteur. Elle a remplacé l'ancienne église, très ancienne qui fut malheureusement détruite à la Libération, inaugurée le 22 août 1971, elle est dédiée à Saint Germain, évêque.

De Suarce à Hindlingen nous traversons les champs de culture et forêts. Une petite bise nous permet de ne pas souffrir de la chaleur, fort agréable ! cette matinée à travers le Sundgau. L'arrêt prévu arrive à point nommé dès 9h45 autour d'un magnifique étang. Heureux les propriétaires de ce beau chalet au bord de l'eau caché dans la forêt !!. Nous nous permettons d'approcher et nous désaltérer.

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Pause à l'étang

Direction Hindlingen,village de Hundilo du nom d'un chef de tribu germanique qui s'est installé au pied du Haeffelberg au Vème siècle. Cité la première fois en 737 sous le nom de Chuntilingas, le comte Eberhard a légué ses biens au couvent de Murbach.

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Hindlingen où l'eau coule à flots dans les fontaines pour le bonheur de notre mascotte Eliott

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le clocher d'Hindlingen

Entre Hindlingen et Dannemarie nous allons vivre des moments magiques !!

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la biche profite du foin qui sèche au soleil

Plusieurs étangs recouverts de nénuphars, moment féerique…

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Nénuphar, selon la légende, son nom lui fut donné d'une nymphe qu'un amour passionné pour Herculeconduisit au tombeau. Le héros qui l'avait si cruellement repoussée voulut éterniser sa mémoire et la changea en nymphea ou nénuphar. C'est la fleur reine des bassins en raison de la beauté de ses fleurs jaunes, blanches, rouges ou violacées et de la grosseur de ses feuilles circulaires qui flottent sur l'eau. Elles ont une durée de vie de six à huit jours consécutifs, s'ouvrant le matin pour se refermer en fin d'après midi.

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Dannemarie en vue …

Dannemarie est située sur la Largue, ses habitants sont appelés les Dannemariens et les Dannemariennes, en alsacien ils sont surnommés les «Dallerschlacker» (un petit clin d'œil à notre ami Jacques), ce qui veut littéralement dire «les lécheurs d'assiettes». Ville connue pour sa gastronomie fait partie de la route des Carpes Frites. Entre les collines sous-vosgiennes et les premiers contreforts du Jura, dans la trouée de Belfort près du seuil de partage des eaux de Valdieu, on trouve un bourg blotti sur les pentes d'une colline de la vallée de la largue. On y arrive tout naturellement par la route, le rail ou par le canal du Rhône au Rhin car c'est depuis des centaines d'années un lieu de passage où a émergé une forte fonction commerciale ou comme nous à pieds à travers champs et forêts. Chef lieu d'un canton qui dépendait initialement de l'arrondissement de Belfort rattaché en 1870 à celui d'Altkirch où la commune prit le nom de Dammerkirch. Ce nom germanisé signifie «l'église de Domna Maria» c'est à dire de la Vierge, «domna» étant la déformation, en latin vulgaire de «domina» (la dame). Bien avant, Dannemarie, qui apparaît en 1016 sous la dénomination «Dannamarachiricha» a appartenu aux XIIIème et XIVème siècles jusqu'en 1324, aux comtes de Ferrette, puis jusqu'en 1648 aux Habsbourg et enfin, de 1658 à la Révolution aux ducs de Mazarin.

Dannemarie conserve des maisons et des bâtiments remarquables tels que l'Hôtel de Ville. En effet, installé dans une ancienne halle aux blés datant de 1815, il abritait dans les années 1880, l'école es filles. En 1906, il est vendu par la municipalité au ministère de la Justice du Kaiser, qui y installe le tribunal cantonal impérial. De 1914 à 1918, la bâtisse est occupée par les services administratifs du gouvernement militaire français. Après 1918, l'endroit redevient tribunal jusqu'en 1959. En 1961 et 1962, une classe de 6 ème y est hébergée le temps des travaux de construction du collège. La bâtisse est ensuite rachetée par la commune pour devenir en 1965 l'Hôtel de Ville.

Située à un carrefour de communication stratégique (route départementale 419 reliant Bâle à Belfort, canal du Rhône au Rhin et voie ferrée Belfort-Mulhouse), Dannemarie a toujours été un bourg centre. De ce fait, la commune a connu un développement industriel notable dès le milieu du siècle dernier.

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Dannemarie possède deux viaducs. C'est la liaison ferroviaire Mulhouse-Belfort qui nécessita la construction des deux viaducs. Le premier en direction de Ballersdorf mesure 390 mètres de long pour une hauteur de 20 mètres et possède 36 arches pour un volume de maçonnerie de

26 000 m³, il est construit avec 9 millions de briques cuites sur place et enjambe le Rossbaechel. Le second du côté de Retzwiller, en direction de Belfort appelé Grand Viaduc, surplombe la vallée de la Largue, s'étend sur 500 mètres et s'élève à 29 mètres du sol. Il possède 42 arches et a un volume de maçonnerie de 40 000 m³. Il est construit avec 14 millions de briques cuites sur place. Ce viaduc a été bombardé et détruit plusieurs fois lors des différentes guerres qui ont secoué la France : en 1870, 1914,1915 et en 1944. Il a été, à chaque fois, reconstruit.

Nouveau canal à grand gabarit,un projet, lancé en 1961 et déclaré d'utilité publique en 1978 fit couler beaucoup d'encre à l'époque !! Opposition importante sous l'impulsion des mouvements écologistes et défenseurs de la nature. Le site de Valdieu était particulièrement concerné de par sa situation géographique qui imposait la construction d'une nouvelle écluse en aval du village. En 1997, ce projet est définitivement abandonné. Pour mémoire, le projet consistait, à l'époque, à établir une liaison de 229 km entre Mulhouse et la Saône.

Coup de théâtre… Aujourd'hui, une nouvelle étude voit le jour… et tente de démontrer L'intérêt d'un nouveau projet de canal à grand gabarit entre la Saône et le Rhin. Ce canal Saône-Rhin à grand gabarit, irait de Mulhouse à Dijon en passant par Belfort et Vesoul et pourrait transporter de 11 à 19 millions de tonnes de marchandises en 2025 selon l'étude préliminaire socio-économique présentée à Colmar par le Conseil Général du Haut Rhin.

En attendant… le village vit au rythme de la navigation de plaisance et des activités sportives et de loisirs développées aux abords du canal, avec la piste cyclable aménagée sur l'ancien chemin de halage. Cette piste fait partie intégrante de la vélo-route Nantes – Budapest également appelée Euro-Vélo 6 et permet de rejoindre de nombreux autres itinéraires cyclables en Alsace, Franche-Comté, Suisse et Allemagne. Un paradis pour les amoureux de la petite Reine !!

Il est temps de joindre l'utile à l'agréable… la pause repas, qui, comme il se doit se déroulera autour d'une bonne table de carpes frites… moment convivial à souhait !

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relais Nautique

Nous devons ce délicieux met aux rudes moines Cisterciens de l'abbaye de Lucelle venus en 1123 qui se mirent à défricher, exploiter, christianiser et réformer le pays et ses habitants. La région se couvre d'étangs et la carpe devient, en quelque sorte, le plat du jour régional. L'étang devient d'intérêt public et constitue une importante source de revenus. Et si aujourd'hui les moines ont disparu et que Lucelle n'est plus que vestiges, la carpe frite est devenue le plat gastronomique du Sundgau, au point qu'une route lui est consacrée, au même titre que la route du vin, et qu'il n'est dans la région aucun restaurant, digne de ce nom, qui ne l'affiche en bonne place sur son menu et ce, tout au long de l'année.

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Repus, nous allons quitter Dannemarie

Direction Retzwiller le long du canal. Alors que, de nos jours, il n'est question que de tuiles et de panneaux photovoltaïques … n'oublions pas l'épopée Gilardoni sur notre terre.

L'aventure débute en 1864, Thiebaut Joseph et François Xavier Gilardoni prospectent dans le secteur de Dannemarie. Il leur faut absolument dénicher un lieu conjuguant un sous-sol riche en marne et la proximité la voie de communication essentielle à l'époque qu'est le canal du Rhône au Rhin est une aubaine. Les deux frères, industriels, sont à l'étroit dans leurs installations à Altkirch, l'atelier familial de poêles en faïence, fondé en 1835, avec leur beau-père Pierre Heitschlin, transformé en 1842 en manufacture de tuiles, est vétuste et trop petit. Impossible d'y fabriquer la fameuse tuile à emboîtement, cette invention mondiale datant de 1841, dont la paternité revient donc aux deux frères. L'invention des frères Gilardoni a non seulement transformé les toitures mais toute l'industrie de la terre cuite, car les recherches pour obtenir une pâte convenable au moulage mécanique des grandes tuiles à emboîtement, les ont amenés à imaginer le principe de toutes les machines utilisées encore de nos jours dans l'industrie céramique. Dès les premières années qui suivirent leur brevet, ils cédèrent des licences à des industriels de Marseille, Epinal, Montchanin et Ivry, permettant ainsi la création de puissantes tuileries qui ont diffusé le nouveau produit. Mis à part une étanchéité plus complète et une plus grande facilité de pose, le poids et le prix ne sont pas comparables.

En 1864, une première usine est construite en bordure de la Largue, en contrebas de l'actuelle cité ouvrière bâtie en 1880 afin de loger les ouvriers dont le nombre se montait jusqu'à 200 en 1928 au moment où la tuilerie d'Altkirch fut fermée. L'usine de Wolfersdorf cessa son activité en 1934 car à Retzwiller cette fois, une seconde unité ultramoderne tournait à plein régime. Le rachat des tuileries Gessier d'Hagenbach en 1966 fut un échec. Le choc pétrolier de 1973 porte

le coup de grâce et la même année, Sturm rachète Gilardoni. Àpeine un an est passé, le 31 octobre 1974 que les ouvriers quittent pour la dernière fois leur usine, la production est arrêtée.

Au milieu du XIX ème siècle, il existait en Alsace environ 250 fours à tuiles et à briques répartis dans plus de 200 communes.

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Les pavots illuminent notre chemin

On appelle pavots toutes les papavéracées du genre Papaver, regroupant plusieurs espèces allant du coquelicot (papaver rhoeas) au pavot à opium (papaver somniferum). Les pavots sont souvent très colorés, à quatre pétales satinés et légèrement froissés.

Prochaine étape, Valdieu-Lutranà l'entrée de la trouée de Belfort, sur la ligne de partage des eaux entre les bassins du Rhin et de la Saône. Le seuil de Valdieu est ainsi le point le plus bas de la trouée de Belfort, entre les massifs du Jura et des Vosges. Longtemps, point de passage obligé entre le sud de l'Alsace et la Franche Comté avec la présence conjuguée de trois voies de communication, la route de Belfort à Bâle, la voie ferrée reliant Belfort à Mulhouse et le canal du Rhône au Rhin.

Une curiosité, «l'échelle d'écluses» du canal du Rhône au Rhin constituée de 12 écluses entre Valdieu et Wolfersdorf qui permet aux péniches de franchir un dénivelé de 30 mètres sur trois kilomètres.

Arrivons à Magny, petite commune d'une centaine d'habitants traversée par la rivière Suarcine sur laquelle plusieurs moulins fonctionnaient jadis. Longtemps rattaché à la seigneurie de Montreux, Magny est un des rares villages à ne posséder ni église, ni cimetière et dépend encore aujourd'hui de la paroisse de Montreux Jeune. La commune bénéficie d'un cadre privilégié et offre plusieurs aires de jeux aux enfants, d'un terrain de foot et d'un étang de pêche communal.

Mémorial du Moulin de la Gaille:situé au sud de Dannemarie, en limite du Territoire de Belfort, village francophone, Magny a été le siège d'une célèbre bataille opposant les forces françaises et allemandes le 13 août 1914 sur le site du moulin de la Gaille. Il semblerait que cette bataille ait décidé du sort de Belfort. Aussi, afin de commémorer la mémoire des victimes, un monument a été érigé sur le site.

 

Retour tranquille à Chavannes les Grands

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le Char Foch en mèmoire du 1er régiment de Chasseurs d'Afrique au bord de la route.

 

Merci aux compagnons du mercredi, les uns randonneurs pédestres, d'autres vététistes, à nos amis du CLAS 68 venus renforcer les supporters d'Yves en ce courageux défi consistant à faire parler du DON D'ORGANES…

Marthe

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M
<br /> Merci pour ce petit reportage dans ma région de naissance. Et oui, je suis une "dalerschlacker", bien née à Dannemarie que j'ai quitté il y a 22 ans !!!<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
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C
<br /> jacky de charente ,te suit avec beaucoup d'admiration,formidable expédition!!!!!!!!bravo ,:un pit cognac pour donner des forces !!!!!!!!<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Marthala, que rajouter, rien, juste bravo, une sortie super avec de nouveaux amis(es) marcheurs, et le même esprit partager, que le Sundgau est beau quand il fait beau..... et quelle bonheur de<br /> partager un repas avec une bonne bande.<br /> schmoutz à tous<br /> yves<br /> <br /> <br />
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